8 jours qui marqueront ma vie à jamais! [par Lydie]

8 jours qui marqueront ma vie à jamais! [par Lydie]

Au coeur de la tourmente, sa lumière ne cesse de briller…

Le début d’année annonce pour la plupart des gens un temps de fête et des bonnes résolutions. Et bien nous, nous avons décidé de faire différemment pour une fois, même si entre vous et moi l’année prochaine on espère s’en tenir aux bonnes résolutions et à la fête uniquement hé hé hé…

Nous sommes le 2 Janvier 2018 :

Nous venons de passer un super réveillon avec nos amis et famille, les cow-boys ont dansés avec les indiens (voir notre insta pour comprendre), nous avons bien rigolé, bien mangé. Bref, bien profité d’être tous ensemble le 31 décembre. Et puis ce soir du 2 janvier, nous sommes en train de prendre l’apéro chez nos voisins , de « papoter » de tout et de rien , quand soudainement, je suis prise d’une violente douleur à l’abdomen. Enceinte de 6 mois, je me dis que cela vient de ma grossesse. J’essaye de rester digne devant tout le monde et je vais m’isoler dans les toilettes deux secondes pour essayer de comprendre ce qui se passe. La douleur s’amplifie au point que je suis obligée de sortir et de dire en plein milieu de la soirée

  • «  Je suis désolée on va devoir rentrer chez nous, je ne me sens pas bien du tout d’un coup ».

Je fais quelques blagues à nos voisins en disant je n’aurai pas du manger autant d’olives et de petits fours… Nous rentrons à la maison, mon mari est en train de coucher nos filles, je suis allongée sur notre lit essayant de me détendre mais les douleurs sont d’une telle intensité que je dis à Michaël, mon mari :

  • « On fonce aux urgences »

Du coup il essaie tant bien que mal de préparer des valises pour les filles à la hâte, Eva notre ainée de 6 ans habille sa soeur de 4 ans et demi, Emmie (trop chou de faire ça au passage) et hop dans la voiture. Nous déposons les filles chez mon frère Jerem et ma belle-soeur Manue qui sont en plein apéro avec des amis eux aussi (lol), ils passent de 3 enfants à 5 en quelques secondes. Les pauvres ont survécu à l’invasion (enfin je crois ha ha ha).

Ce qu’il faut savoir c’est que plus tôt dans la soirée, nous avions  déjà reçu un message de ma maman nous indiquant que notre papa était à l’hôpital pour une suspicion d’appendicite… Décidément !!!

Nous arrivons aux urgences, l’infirmière me dit que j’ai contraction sur contraction et qu’il faut absolument les stopper car je n’en suis seulement qu’à 6 mois de grossesse (nous attendons un petit garçon pour le début du mois d’Avril). J’avais tellement mal au ventre que je n’avais pas réalisé que mon ventre se contractait en permanence…Nous expliquons à l’équipe médical que  depuis deux heures j’ai de vives douleurs situées au niveau de l’estomac , que je suis intolérante à la morphine et au curar, et que non, je n’ai pas mangé d’huitres pas fraiches ou encore moins été opérée du ventre dans le passé…

  • «  Ce soir madame Carretero, nous allons vous calmer avec des anti-douleurs, et faire des prises de sang pour vérifier que vous n’avez pas d’infections. Vous allez rester pour la nuit afin d’être certains que les contractions s’arrêtent ».

Je regarde mon mari et me dis que la nuit va être longue. Il prend ma main et nous prions que tout se passe pour le mieux. Quelques minutes à peine se sont écoulées lorsque je dis à Mika que je vais vomir, il me faut une bassine. Commence alors une longue série de vomissements qui ne s’arrêtera pas au cours des 30h qui vont suivre…

Nous sommes le 3 Janvier 2018 :

Mon mari et moi-même n’avons pas fermé l’oeil de la nuit. Je suis dans de terribles souffrances, les antidouleurs administrés ne m’ont rien fait, je n’ai pas senti de différences et je continue à vomir régulièrement. Je n’ai rien bu ni mangé depuis la veille !

  • «  Bonjour, bien dormi ? Comment ça va ce matin ? Mieux qu’hier ? » me demande l’infirmière de jour qui succède à sa collègue de nuit.
  • Merci mais non nous n’avons pas dormi de la nuit »  répond Mika.

Au vue de mes douleurs et des prises de sang indiquant que tout va bien, je passe un scanner et des échographies pour regarder ce qu’il se passe à l’intérieur.

– « Tous les résultats sont bons Madame Carretero, c’est rassurant. Nous pensons que vous faîtes certainement une grosse gastro, elles sont coriaces cette année et en plus enceinte, ça peut faire très mal. »

Je me dis que j’en ai déjà fait des gastros et parfois des « coriaces » mais avoir mal comme ça c’était bien la première fois. Avec Mika nous passons une matinée et un après-midi sans trop parler (ceux qui me connaissent savent que c’est extrêmement rare lol) , la douleur ne me permettant pas d’ouvrir la bouche si ce n’est pour gémir. Mon pauvre mari doit avoir mal à la tête de m’entendre. Pourtant non il est calme et me regarde avec amour :

  • «  Ça va aller amour ! » me dit-il.

Il est 19h :

L’équipe médicale décide de me donner un calmant de choc, dérivé morphinique pour me permettre de me reposer car je me tords en deux depuis la veille, et malgré les bons résultats de tous les tests,  ils commencent à s’inquiéter de ne voir aucune amélioration positive. Je sombre 30 minutes ( la douleur est toujours présente mais supportable), je revis l’espace d’un instant mais dès mon réveil je sens que mon état général s’empire à nouveau. Mika sonne sur  le bouton d’urgence :

  • « S’il vous plait pouvez-vous venir ? Ma femme ne va vraiment pas bien, je pense que c’est sérieux.»

On me fait descendre en bas au bloc tant bien que mal, je n’arrive même plus à passer du lit au brancard sans hurler de douleur et vomir. Arrivée en bas je craque complètement, je pleure, je n’en peux plus :

  • «  Je veux qu’on me transfère à Bordeaux là-bas ils sauront trouver ce que j’ai ! Il faut sortir le bébé ou il va mourir et moi aussi. »

Il est 22H30

Les infirmières, internes se sont succédés, ont regardé le résultat des examens, essayé de me refaire un monitoring pour voir si bébé allait bien mais ont dû arrêter car je ne supporte même pas le fait que l’on me pose « quelque chose » sur le ventre. J’ai la sensation de m’être pris une balle dans les intestins et que mes « boyaux » sont à l’air libre (désolée pour les détails).

  • « Vous savez, une grosse rétention de gaz pourrait vous avoir provoqué ces vives douleurs »  me dit alors l’interne du service.

Je ne sais même plus quoi lui répondre, je me sens partir tant la douleur est intense.

Il est 23H

Michaël est très angoissé, les infirmières aussi. Il exige en montant le ton que le chirurgien gastrologue censé venir me voir le matin vienne dès ce soir voir mon cas. Lui et le gynécologue de garde. Tous deux arrivent finalement, le gynécologue me dit à peine bonjour et pose sa main sur mon estomac. Je crie de douleur.

  • « Préparez le bloc, nous l’opérons sur le champs, cette dame fait une appendicite aggravée » annonce alors à la grande surprise le gynécologue.
  • Quoi ? Mais non, sur les résultats approfondis il n’y a aucun signe d’infections, de fièvre et encore moins d’une appendicite, vous n’allez pas ouvrir ma femme si ce n’est pas sûr que ça soit ça »  répond Michaël.

Le chirurgien n’est pas non plus du même avis que le gynécologue et en sortant de ma chambre, tous deux commencent à se disputer sur la décision à prendre.

– «  Je ne prendrai pas le risque d’opérer une femme enceinte de 6 mois sur vos simples suppositions, il m’en faut beaucoup plus, je veux des preuves.» annonce le chirurgien

–  Ah oui ? Et tu prends alors le risque que la patiente perde sa vie ? Si on n’agit pas maintenant, il sera trop tard » lui rétorque le gynécologue.

Ils avaient laissé la porte entrouverte et n’avaient certainement pas fait attention que nous entendions toute leur conversation, les infirmières et nous même. Nous n’entendons alors plus de bruit, ils se sont éloignés et les infirmières dans la chambre essaient de nous rassurer comme elles peuvent.

Il est 23h45

Le gynécologue et le chirurgien reviennent en tenue d’opération accompagnés de l’anesthésiste et du personnel du bloc opératoire. Visiblement ils se sont mis d’accord et nous annoncent qu’ils vont m’opérer et faire une célioscopie de recherche pour comprendre ce qu’il se passe à l’intérieur. Ils encerclent mon lit ! Mon mari , très atteint,  essaie de comprendre et demande au chirurgien

  • « Vous êtes d’accord ? Vous avez changé d’avis ?
  • Oui, c’est certain que les douleurs qu’éprouve votre femme ne sont pas en adéquation avec nos résultats et nous devons comprendre ce qu’il se passe.  lui répond le chirurgien.
  • Mais notre bébé, il va survivre ? Dites moi, il ne risque rien ? demande Michaël.
  • Monsieur, je ne peux pas vous garantir que votre bébé ne risque rien, à partir du moment où l’on opère au cours d’une grossesse, nous prenons de gros risques, mais ce qui est certain c’est que si nous ne faisons rien, vous prenez également le risque de perdre votre femme, vous comprenez ? » rétorque le gynécologue de garde…

Mika se met à pleurer

– «  Je ne sais pas Lydie, qu’est ce que tu veux faire ? c’est trop dur. »

Emue mais à bout de force, je ressens alors soudain une paix indéfinissable. Une paix tellement grande, que je sais que Dieu est là et qu’il veille sur moi. Il a toujours promis de veiller sur nous, alors je regarde mon mari que j’aime profondément et je lui dit :

  • «  Laisse-les nous emmener, ça va aller, il faut que ça s’arrête. »

Nous nous embrassons en larmes puis toute l’équipe m’emmène au bloc.

Nous sommes le 4 Janvier , il est 00H00 environ

Je suis au bloc, entourée de toutes ces personnes qui s’activent, à la hâte pour préparer l’intervention. Dans mon coeur je suis bien, je ne sais pas s’il s’agit de ma dernière heure mais je reste paisible. Dieu est au contrôle parce que sinon je sais que je serai morte de trouille. J’ai froid, je veux vomir, je veux m’endormir aussi, lorsque l’anesthésiste me demande de respirer doucement le produit censé me faire dormir, je ne me fais pas prier et inspire de grandes bouffées pour que ça aille plus vite ! Que le cauchemar s’arrête dès que possible ! Cette dernière se met à rire et me dit :

  • « Heureusement que je vous avais dit doucement ! J’en connais une qui veut s’endormir dès que possible (lol) ! Je vais compter jusqu’à 10 et vous allez fermer les yeux et on se retrouvera après l’opération.»
  • Ok mais promettez moi de faire attention à notre petit garçon, dis-je à toute l’équipe
  • Je vous le promets, on fera de notre mieux, me répond gentiment le gynécologue, même si au final ce n’était pas lui qui allait m’opérer. Cette réponse m’a suffit.
  • 1, 2, 3, 4, 5, … »

Je n’ai pas entendu la fin du décompte, je dormais déjà… De l’autre côté, Mika était au comble du stress et Jerem , mon fréro, est venue le rejoindre et tous les deux se sont mis à prier dans les couloirs ainsi que toute ma famille. Mon père n’était pas au courant on venait de l’opérer pour l’appendicite, le pauvre.

Pendant ce temps au bloc

Le chirurgien ouvre mon abdomen et tombe nez à nez sur une occlusion intestinale par bride. Pour être plus claire, une sorte de « ceinture de peau » s’était tissée dans mon ventre au fil des mois et s’était entourée autour de mes intestins jusqu’à les serrer complètement. Tellement surpris par cette découverte, le chirurgien lâche un vilain mot (lol), et sans attendre prend la plus courageuse des décisions : m’opérer sous célioscopie. Il retire la bride de peau, remet en place tous mes intestins avec seulement pour visibilité 3 minuscules trous.

Impensable.

Tout se déroule en une demi-heure en tout et pour tout. Il ressort alors et va trouver mon mari et, tout en oubliant qu’il est le mari de la patiente (lol) lui lance comme à un collègue :

  • « Incroyable, incroyable. Je peux vous dire que ce soir j’ai battu mon record dans ma carrière, opérer une femme enceinte de 6 mois avec une occlusion intestinale sous célioscopie, je n’avais encore jamais fait cela, affirme le chirurgien soulagé. 
  • Tout va bien, votre femme est en salle de réveil, c’est fini, nous avons bien fait de prendre cette décision » lui dit le gynécologue qui est visiblement encore sous le choc

Nous apprendrons plus tard que tous les deux étaient censés rester la nuit de garde à l’hôpital mais sont rentrés chez eux se reposer après tout ça.

Il est 1H du matin :

Je me réveille et je me sens tellement bien, comme dans un bain chaud après un stress intense.

  • « Vous avez réussi, vous m’avez libéré, je n’ai plus mal, c’est génial, je suis tellement contente. »

Je ne faisais que parler, sourire, faire des petites blagues. L’équipe n’en revenait pas et se demandait si j’étais bien la même personne qu’une heure auparavant. Ils étaient tous ravis. C’est alors que j’ai reconnu l’anesthésiste, il s’agissait de la même personne qui avait été présente à mes deux précédents accouchements et qui avait déjà été alors tout juste géniale. Nous avons rigolé, on s’est serré dans les bras et à ce moment là j’ai compris que quelque chose de spécial nous avait lié.

Sans titre-6

Environ 2H00 du matin :

Nous nous retrouvons dans ma chambre avec Mika, on se serre dans les bras, on pleure de joie. Dieu nous a gardé en vie, il a fait un vrai miracle. Nous n’avons pas de mots. On ne se lâche pas la main, je me dis que nous en avons vécu des épreuves ensembles et que mon amour pour mon mari est juste indéfinissable. Nous nous endormons paisiblement pour la première fois depuis 35h… Le meilleur feeling de tous les temps : Dormir !!! (lol)

La fin du cauchemar. Et notre petit bébé en vie, c’est un vrai « warrior ».

Je vais m’arrêter là pour la description détaillée car il y aurait encore tellement de choses à dire mais simplement dire que les jours suivants, tout le personnel du service s’est succédé dans ma chambre, prenant des nouvelles. Certaines personnes ont même appelés sur leur jour de congé pour savoir si j’allais mieux et si ils avaient trouvé d’où venaient les douleurs. Nous avons beaucoup parlé avec certaines personnes en particulier qui m’ont énormément touchées, ainsi qu’avec le chirurgien qui est passé tous les jours me rendre visite. Pareil pour le gynécologue.

  • « Vous m’avez sauvé la vie, merci ! » dis-je pour les remercier

Le chirurgien me dit alors :

  • «  c’est normal , nous avons fait notre travail et notre devoir, mais c’est certain que vous devez avoir une bonne étoile au-dessus de la tête car nous aurions attendu quelques heures de plus, l’issue aurait été fatale.
  • Je sais que Dieu m’a protégé… »

De vous à moi je ne sais pas pourquoi nous avons dû passer par là, ma famille et moi mais je peux vous assurer que lorsque vous traversez une situation difficile comme celle-ci, vous voyez la vie d’une autre façon par la suite.

Parfois chacun, nous perdons notre temps à nous disputer pour des choses insignifiantes, nous nous accrochons à des détails sans importance et nous ne profitons pas de la grâce d’être tout simplement en vie et en bonne santé. Nous ne sommes rien, la vie ne tient qu’à un fil et personne d’entre nous ne sait lorsqu’elle se terminera. Alors profitons de chaque instant pour dire à ceux que nous aimons combien ils sont importants, profiter de notre famille, de nos enfants avant qu’ils ne soient déjà grands. Aimons-nous les uns les autres et soyons utiles pour que notre vie fasse la différence autour de nous.

Pour ma part, je serai toujours reconnaissante à Dieu pour ce miracle, je sais bien qu’en lisant ces quelques lignes certains diront que j’ai eu de la chance mais je vous assure que c’est bien plus que de la chance. De plus cette expérience m’a permis de rencontrer des personnes formidables comme mon anesthésiste, une dame qui parcourt le monde pour secourir les plus démunis, elle risque sa vie dans des voyages humanitaires en Afghanistan, etc. Elle m’a donné une belle leçon de vie.

Et puis ma famille et mes amis qui ont prit soin de moi comme jamais. Je vous aime tant, vous êtes si importants pour moi et pour nous.

Heroic Nation un jour, Heroic Nation toujours. Motivée plus que jamais, on se dit à bientôt sur les routes avec toujours la même fougue, et même plus ha ha ha….

#ivlogheroic

Sans titre-5Sans titre-3

 

Un morceau qui résume bien ce que Dieu accomplit dans nos vies :